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L'apparition
Gustave Moreau - 1874-1876

L'apparition, peint par Gustave Moreau en 1874-76.
La tête de St Jean-Baptiste décapité.



L’Apparition appartient au cycle de Salomé du peintre symboliste Gustave Moreau. Présentée au Salon de 1876, cette oeuvre surprit particulièrement les visiteurs par l'innovation iconographique créée par la présence de la tête de Saint Jean-Baptiste en lévitation.

Jean fut emprisonné pour avoir reproché à Hérode Antipas son union incestueuse avec la femme de son frère, Hérodiade. Salomé, la fille d'Hérode Philippe et d'Hérodiade obtient de son oncle qu'il fasse décapiter Jean et que sa tête soit présentée à sa mère Hérodiade.



A l’issue d’une danse voluptueuse devant Hérode Antipas, son beau-père, celui-ci lui avait proposé d’exaucer un de ses vœux. On sait que sa mère lui avait soufflé le souhait de la décapitation du précurseur du Christ. Lascive et dénudée, Salomé pointe le doigt vers la tête du prophète en lévitation tandis que Hérodiade se tient derrière elle. Hérode, assis sur son trône, lui accorde cette faveur.

La scène se passe dans un palais d’inspiration hispano-mauresque avec des colonnes aux chapiteaux ornés d’arabesques et de créatures hybrides redessinées en blanc comme une broderie en filigrane. La tenue dénudée de Salomé, à peine dissimulée par des voiles transparents et des bijoux, l’assimile à une danseuse orientale.

Le cadre rectangulaire du tableau disposé verticalement, les lignes verticales des colonnes surmontées d’arcs ogivaux et plein-cintre, mélange roman et gothique, donnent à l’espace représenté une hauteur, une élévation grandiose et solennelle plus proche d’une cathédrale que d’un palais arabe ou un temple païen.



Salomé telle une déesse sacrificatrice païennne, de face, exposant son buste dénudé, visage farouche tourné vers la tête du saint, le désigne du doigt, bras gauche tendu, tenant haut le lotus sacré dans sa main droite.

Sa longue chevelure blonde qui flotte sur ses reins et le lotus blanc proche du lys royal la font ressembler au contraire à une reine ou à une Marie-Madeleine.

La tête du saint est la réplique de celle du Christ : mêmes cheveux longs, même barbe. Le sacrifice du précurseur annonce celui de Jésus.

Ce tableau induit (volontairement ?) une confusion entre Jésus et Jean-Baptiste d'une part et Salomé et Marie-Madeleine d'autre part.



La danse de Salomé (abbaye Saint-Martin du Canigou)

Le « chapiteau de Salomé » met donc en scène quatre danseuses. Et non pas une seule, celle, la plus souvent photographiée, à l’origine du surnom, car elle peut évoquer une danseuse orientale lascive brandissant dans chaque main un objet semblable à un cimeterre – sabre propre à décapiter le Baptiste.

Notons encore que, dans un but sans doute décoratif, du plomb fondu a été intégré à certaines sculptures (yeux de deux danseuses, tétons).

La danse de Salomé (abbaye Saint-Martin du Canigou)

Enigmes du « chapiteau de Salomé »



Deux hommes barbus ayant une coiffure identique se tiennent près de la danseuse aux cimeterres. L’un a les mains tranquillement posées sur les genoux. L’autre, avec un chien à ses pieds qui le regarde la tête en arrière, semble jouer d’un instrument musical difficile à identifier.